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Dimanche 9 janvier 7 09 /01 /Jan 12:11

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Les vidéos sont (c) Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Samedi 8 janvier 6 08 /01 /Jan 12:19

bernard-poignant-homoparentalite.jpg

Photo © D. R.

 

[À propos de l’homoparentalité] « Aujourd'hui chacun vit en couple comme il l'entend. Même la polygamie est présente bien que la loi l'interdise. Et il existerait de 50 000 à 150 000 enfants vivant en France dans des familles polygames sans que personne n'exige une loi pour légaliser ce type d'alliance. (…) À mes yeux et quoiqu'il arrive, il [un enfant] se construit dans l'altérité des genres, masculin et féminin, père et mère. Qu'ils soient présents ou absents, parfaits ou imparfaits. Un enfant doit toujours savoir qu'il a ou a eu un père et une mère. Personne ne peut discuter ce fait. Il faut distinguer la pratique sexuelle du fait de l'adoption. Un couple d'hétérosexuels peut adopter un enfant en tant que couple puisqu'il est constitué d'un homme et d'une femme, donc d'un père et d'une mère de substitution. Dans un couple d'homosexuels, seule une des personnes peut adopter car l'enfant doit savoir qu'il ne vient pas de deux pères ou de deux mères. (…) Dans tous les cas de figure, c'est de l'enfant dont il faut partir. Le modernisme ne consiste pas à épouser l'égoïsme du présent, mais à se préoccuper des intérêts de notre descendance. » Bernard Poignant, maire PS de Quimper, sur son blog dans un texte intitulé  Maman, papa, bébé.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Vendredi 7 janvier 5 07 /01 /Jan 07:59


Fiche technique :
Créateur : Alan Ball. Production : Produit en association avec "The Greenblatt Janollari Studio". Producteur exécutif : Alan Ball, Robert Greenblatt, David Janollari, Alan Poul. Co-producteur exécutif : Bruce Eric Kaplan.
Avec : PETER KRAUSE (Nate Fisher), MICHAEL C. HALL (David Fisher), FRANCES CONROY (Ruth Fisher), LAUREN AMBROSE (Claire Fisher), FREDDY RODRIGUEZ (Federico Diaz), MATHEW ST. PATRICK (Keith Charles), RACHEL GRIFFITHS as Brenda Chenowith.



L'avis de mérovingien02 :


 


Dès l'apparition des premières images promotionnelles de la 4e année de Six Feet Under, il ne faisait aucun doute qu'un vent de fraîcheur s'apprêtait à souffler chez les Fisher. La bande-annonce tournée dans un supermarché annonçait clairement un recentrage sur l'harmonie dans la cellule familiale, l'affiche teaser s'éloignait radicalement de la morosité de la saison 3 en montrant chaque protagoniste sautant gaiement sur la fameuse colline du générique... Plus de légèreté et de décontraction, moins de prises de tête et d'antidépresseurs... Il n'est jamais trop tard pour être heureux !
Avant de nous plonger dans les multiples trésors de cette avant-dernière fournée d'épisodes, commençons cette critique par quelque chose de très inhabituel : faire des reproches à ce monument télévisuel généreusement offert par HBO ! En effet, en essayant de prendre le contre-pied de la précédente saison, critiquée pour son manque de rebondissements et d'intensité (choix narratif pourtant parfaitement cohérent puisqu'il s'agissait de traiter de l'immobilisme et de l'ennui d'une vie rangée), Alan Ball et son équipe se sont peut-être un peu laissés aller à la facilité, multipliant les moments forts de façon parfois artificielle voire même carrément grotesque. Certains rebondissements, par exemple, ne manquent pas de laisser dubitatifs, telles les escapades sexuelles de Keith avec Céleste, une simili Britney Spears capricieuse, ou encore son marché avec un riche producteur que David a agressé (on pourrait presque parler de prostitution). On déplorera également la mauvaise voie prise par Claire, étudiante en plein trip d'artiste branchouille libérée, inspirée par les drogues et les expériences lesbiennes ; tout comme on pourra trouver que les dérives de Ricco dans les bras d'une strip-teaseuse manquent un tantinet de subtilité et d'originalité.
Recourant à un montage de saynètes très courtes pour dynamiser la narration et être plus en phase avec la dimension comique revendiquée cette année, les auteurs ont certainement privilégié le rythme au détriment de la profondeur des personnages, lesquels semblent parfois moins consistants que par le passé. Quelques ellipses brutales, des dilemmes intérieurs survolés, une dramatisation trop appuyées (notamment la résolution de l'affaire Lisa), des morts du jour en retrait et parfois même sans lien apparent avec le reste... Par intermittence, la série manque de tomber dans la superficialité qu'elle prétend dénoncer et semble étaler un vernis tendance (qui a dit « prétentieux » ?) en convoquant un paquet de guest comme Ellen Mirren dans son propre rôle. Et pourtant...
...Pourtant, au bout de quatre ans, le plaisir est toujours là, immense et sincère. Parce que l'on aime les Fisher pour ce qu'ils révèlent de nos propres névroses et que par conséquent, on leur pardonne (presque) tout. Parce que l'interprétation est irréprochable et que la réalisation est encore plus soignée qu'auparavant, naviguant à des années-lumière des séries traditionnelles. Mais aussi parce que la vue d'ensemble de la saison demeure, quoiqu'on en pense, d'une étonnante cohérence thématique. Après avoir passé trois années à se faire du mal, se refouler et à se déchirer, il est temps pour les personnages de ramasser les morceaux et de se reconstruire. Alan Ball a terminé d'atomiser les conventions qui étouffent la famille américaine et de scruter ce qui se cachait derrière les apparences. Il est désormais temps de bâtir quelque chose de nouveau et de plus solide. Avec le premier épisode de la saison, nous assistons à l'épilogue bouleversant de la troisième saison, l'enterrement de Lisa et le cri libérateur de Nate annonçant la nécessité de faire son deuil pour passer à autre chose.
En donnant une seconde chance à leur couple, Keith et David évitent de répéter les erreurs du passé et sont désormais capables de tout se dire, assumant parfaitement leurs aventures extraconjugales sans remettre en cause l'amour de l'autre. En intégrant un groupe d'étudiants hype, Claire libère l'artiste qui est en elle et ne semble plus autant effrayée à l'idée d'avancer, se moquant même éperdument de ce que peut vivre son ex Russel avec une de ses amies (on notera que le personnage de Mena Suvari a le même impact libérateur sur Claire que sur le héros d'American Beauty). Dans le but d'oublier Lisa, Nate repasse par les étapes de l'adolescence pour reposer les bases de ses choix d'adulte, enlevant la chape de plomb qui lui pesait autrefois et revenant naturellement vers Brenda avec laquelle il redémarre une relation plus saine... Chacun a appris à tirer des leçons de ses erreurs et tous envisagent l'avenir plus sereinement. Le couple gay commence à parler d'adoption, Brenda est en quête d'un certain conformisme... Toute la substance de la saison se retrouve symbolisée par le final de l'épisode 3, lorsque le clan Fisher se réunit autour d'un feu consumant les vestiges du passé.
Mais ce n'est pas parce qu'on a décidé d'aller mieux que la vie va forcément devenir lumineuse. Jugement de valeur (Brenda dénigrée par la sœur de Lisa), discrimination sournoise (on sent poindre les difficultés de l'adoption pour les couples gays), monotonie du quotidien, ambition personnelle... Tous se heurtent à des palissades qui devront obligatoirement être abattues. Et la première d'entre elle est bien entendu la Mort en personne, celle autour de laquelle s'articule tout le parti pris existentialiste de la série. Pour Nate, elle s'incarne dans l'identité du meurtrier de sa femme, individu dévoilant son acte dans une séquence éprouvante où le mimétisme avec Nate est poussé au maximum, suggérant l'idée que c'est peut-être ce dernier qui est (en partie) responsable de la disparition de Lisa. Les apparitions oniriques de celle-ci ne reflètent-elles pas une certaine culpabilité dont on ne peut se débarrasser que par un suicide symbolique ? Même impression chez Ruth qui, toute heureuse de son mariage tout frais, s'apercevra qu'elle a épousé un inconnu, avant de claquer la porte de sa maison. C'est seulement en quittant ses proches que ceux-ci mesureront la place capitale qu'elle occupe dans le cercle familial. Et quand elle reviendra, ce sera pour découvrir la vérité sur George, dans une fin de saison annonciatrice de nouveaux soucis avec lesquels il faudra apprendre à vivre.
Mais c'est surtout chez David que l'évolution se fera la plus frappante. Dans l'éprouvant « That's my Dog » (un des musts de la saison, ce qui, pour une série aussi brillante que Six Feet Under ne veut pas dire grand chose), le jeune homme est violemment agressé par un auto-stoppeur qui lui fera sucer un flingue et l'arrosera d'essence, non sans l'avoir frappé au préalable et obligé à prendre de la cocaïne. Alors que le début de l'épisode est on ne peut plus classique, un point de rupture va insister sur ces moments où la vie peut basculer dans l'horreur. Incompréhensible, inattendue, sauvage, la longue partie de tortures physiques et psychologiques rappellera que la faucheuse peut frapper n'importe qui n'importe quand. Ce qui plongera David dans une profonde dépression, sondant alors toutes les failles de sa vie avant d'accepter de se confronter au visage de la mort (représenté par l'agresseur).
Il aura fallu un choc de cette intensité pour comprendre enfin à quel point la Vie pouvait être fragile et qu'elle méritait d'être appréciée à chaque bouffée d'air. Pour la première fois dans Six Feet Under, on perçoit une ouverture vers un futur optimiste : la mort n'est plus niée, ni rejetée, elle ne met plus en colère et n'entraîne plus autant la déprime qu'auparavant. Elle est presque acceptée, comme si elle faisait partie intégrante de l'existence et qu'elle la mettait en valeur. La scène finale de la saison, sous une pluie purificatrice, ne trompe pas : lorsque David demandera à son père à quoi sert la souffrance, celui-ci lui répondra qu'elle permet d'apprécier le fait d'être vivant. « Ça ne peut pas être si simple que ça ». Et si ça l'était ?

Pour plus d’informations :
Le site officiel de la série (US)
Le site officiel de la série (F)

Par Mérovingien02 - Publié dans : TV : La Lucarne Rose
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Jeudi 6 janvier 4 06 /01 /Jan 18:10

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Photo © D. R.

 

« (…) En accordant un financement de deux cent millions de FCFA à une association qui milite pour l'homosexualité, L'union européenne piétine de fait la souveraineté du Cameroun. (…) L'association de Madame Alice Nkom qui défend les homosexuels au Cameroun exerce en toute illégalité, sous la connivence passive des autorités, pourtant la loi est claire. (…) Les autorités camerounaises devraient intercepter ces financements illégaux qui constituent de fait une ingérence gravissime dans la souveraineté du Cameroun. (…) Je rappelle qu’en début d’année scolaire le rassemblement de la jeunesse Camerounaise a mené une campagne de sensibilisation dans les lycées et collèges contre la gangrène de l’homosexualité. » Sismondi BARLEV BIDJOCKA, pseudo “journaliste” [appréciation assumée par Daniel Conrad, rédacteur en chef de ce site] sur le site Camer.be, Porte-parole de la « jeunesse Camerounaise », homophobe plus que journaliste. 

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Jeudi 6 janvier 4 06 /01 /Jan 17:13

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« C'est marrant, sur les blogs, à ce sujet [l’homosexualité], c'est toujours ou tout blanc, ou tout noir. 'Est-il hétéro ou gay ?' ou 'C'est ton troisième film gay, fais ton coming out !'. Ils pensent tous que les choix dépendent de la sexualité. J'ai joué un homosexuel des années 60 et 70, un des années 50 et un des années 20. Tous ont vécu à des périodes où être gay, ou en tout cas, montrer ouvertement son homosexualité, était vraiment très difficile. Une partie de moi s'intéresse à la façon dont ces gens vivaient une vie hors normes. Ou alors, vous savez quoi ? Je suis peut-être simplement homosexuel en fait. » James Franco, acteur, interview pour Entertainment Weekly, décembre 2010. 

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Jeudi 6 janvier 4 06 /01 /Jan 01:36

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« Il y a des homosexuels pratiquant leur sexualité à tous les niveaux de la hiérarchie de l'Église et celle-ci ne serait plus en mesure de fonctionner si elle devait les exclure de leur ministère. » Alberto Cutié, prêtre catholique américain (pris dans un scandale hétérosexuel) dans son ouvrage intitulé  Dilemme : la lutte d'un prêtre entre foi et amour.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mercredi 5 janvier 3 05 /01 /Jan 11:11


Fiche technique :
Créateur : Alan Ball. Production : Produit en association avec "The Greenblatt Janollari Studio". Producteur exécutif : Alan Ball, Robert Greenblatt, David Janollari, Alan Poul. Co-producteur exécutif : Bruce Eric Kaplan.
Avec : PETER KRAUSE (Nate Fisher), MICHAEL C. HALL (David Fisher), FRANCES CONROY (Ruth Fisher), LAUREN AMBROSE (Claire Fisher), FREDDY RODRIGUEZ (Federico Diaz), MATHEW ST. PATRICK (Keith Charles), RACHEL GRIFFITHS as Brenda Chenowith.



L'avis de mérovingien02 :
Nathaniel Fisher Junior est mort. La mort qui ouvre la troisième année de Six Feet Under n'a rien d'une surprise puisqu'elle fait écho au terrible épilogue qui clôturait la saison précédente. Un épilogue cafardeux puisque le jeune homme allait subir une opération chirurgicale dangereuse pendant que tout le reste de la famille était en plein désarroi. Le dernier plan laissait Nathaniel face à un choix éprouvant : grimper dans le bus qui avait tué son père ou bien rester sur le bas côté de la route ? Se laisser mourir ou accepter la Vie ?
La réponse, nous l'obtiendrons dans les 10 premières minutes de l'épisode d'ouverture, au terme d'un voyage aux confins du fantastique révélant les diverses possibilités que l'avenir réserve à l'être humain. Nous pourrions disparaître à n'importe quel instant, nous pourrions être victime d'un accident qui nous clouerait dans un fauteuil roulant, nous pourrions simplement être en couple. Être en bonne santé n'est-ce pas une chance ? Cette chance, Nathaniel va la saisir, la date de sa mort finissant par disparaître de son épitaphe. Une seconde tentative pour mener son existence du mieux possible. Un second souffle pour la série aussi, puisque Alan Ball n'a pas eu peur de rompre avec la plupart des repères des spectateurs. Le format télévisuel 1.33 est devenu un superbe 1.77, la photographie a été soignée pour se rapprocher des qualités esthétiques du cinéma, les « facilités » narratives consistant à faire dialoguer un héros avec un mort pour exprimer des questionnements ont pratiquement été effacées, les morts du jour sont plus en retrait... Mais il y a surtout cette énorme prise de risque qui consiste à faire un saut de 6 mois en avant pour redémarrer sur de nouvelles bases. Nous ne verrons rien du rétablissement de Nate, nous ne verrons rien de l'entrée en fac de Claire, nous ne verrons rien de la détérioration progressive des rapports entre Keith et David (évolution de toute manière clairement suggérée à la fin de la saison 2). Quand on retrouve les personnages, ils poursuivent leur route et mène leur petit train-train quotidien. Nate est désormais marié à Lisa, Keith et David ont débuté une thérapie de couple, Ruth retrouve son rôle dans la cellule familiale en s'occupant de Maya et Claire suit des études d'Art. Un certain épanouissement pour chacun qui se traduit par un manque d'intensité dans la première moitié de saison. Les épisodes sont plus courts, les rebondissements se font rares. Une baisse d'inspiration chez les auteurs ?
Absolument pas. Il s'agit au contraire de capturer toute la difficulté à mûrir et la lassitude du temps qui passe. En surface, il ne se passe rien. Tout est implicite. Nathaniel tente bien de suivre une vie bien rangée mais s'aperçoit peu à peu qu'il reproduit exactement le même schéma que son père qui s'était marié avec Ruth suite à sa grossesse (après tout, ne portent-ils pas le même prénom ?). Aime-t-il vraiment sa femme ou bien s'est-il laissé berner par ce qu'on imagine être un chantage de Lisa ? Lisa a-t-elle si peur que son époux ne l'aime pas pour se fermer autant à lui ? La naissance de Maya leur a-t-elle offert un nouveau bonheur ou bien les a-t-elle privés de leur liberté ? Le réalisme avec lequel sont dépeints les sentiments provoque un malaise latent. Tous les deux aspirent à être heureux mais quelque chose ne marche pas. Brenda manque terriblement à Nate qui regrette son grain de folie (il se masturbe en cachette et finira par baiser sa femme comme s'il s'agissait de son ex). Lisa ballade son regard triste, consciente de sa propre banalité. Les deux s'emmerdent dans leur vie, préférant se voiler la face en critiquant leurs couples d'amis.



David et Keith suivent la même pente douce et leur réconciliation par le sexe à la fin de la saison 2 n'aura été qu'une accalmie puisque l'origine de leur conflit n'était toujours pas réglée. Keith souffre toujours des relations tumultueuses avec sa famille (notamment son père borné dans la certitude qu'il n'a pas battu ses enfants) et déteste son nouveau travail. Son humeur inquiète David qui, s'il s'efforce d'être compréhensif, craint les accès de violence. Les deux hommes peinent à consolider leur couple et se lancent dans de nouvelles expériences pour raviver le désir (notamment le triolisme). Pas de dialogues pesants pour exprimer la complexité des émotions, juste des jeux de regards qui en disent long (lorsque Keth invite un homme dans le lit), des détails pas si anodins (la télé allumée au retour du boulot) et des situations permettant de régler les comptes (voir la partie de paint-ball où chacun tente de tuer l'autre).
L'éloignement progressif dans un couple ne se fait pas en un jour et semble même être un passage obligé pour avancer (et mieux se retrouver ?). Frederico, personnage de second plan jusque là, en fait l'expérience avec sa femme Vanessa. Leur amour fusionnel est mis à mal quand Vanessa perd sa mère et entre dans une profonde dépression. S'enfermant dans son chagrin et la solitude (les plans de la maison désormais crasseuse et bruyante, signe que la mère du foyer a coupé les ponts), elle se détache de son mari qui fait pourtant tout son possible pour l'aider. On n'est pas près d'oublier cette magnifique conversation téléphonique où la mise en scène, dans une sorte de faux champ/contrechamp, opère un travelling circulaire autour des personnages (situés au bord du cadre) pour les laisser dos à dos. De toute évidence, il ne s'agit pas seulement pour Vanessa de faire le deuil de sa mère mais bien de faire le bilan de sa propre vie en refusant d'admettre ce qui ne va pas.
Les questionnements qui animent les protagonistes sont les mêmes pour tout le monde : « Ai-je fait les bons choix dans la Vie ? », « Quelle est ma place dans la société ? », « Où vais-je ? ». Ainsi, bien que Claire semble enfin affranchie des codes pesants du lycée et qu'elle parvienne enfin à développer sa créativité, la jeune fille est toujours bloquée dans ses relations amoureuses d'adolescente et remet en cause le monde de l'art auquel elle aspire. Elle ne ressemble en rien à l'image que son professeur Oliver donne de l'artiste. Elle n'est pas violente, ni politique, sa sexualité ne déborde pas de partout. Elle est juste paumée et contente d'avoir trouvé un garçon comme elle. De son côté, Ruth se détache enfin un peu de ses enfants en vivant pour elle-même. Elle tente de rattraper sa jeunesse perdue (mariée et maman à 19 ans) en prenant du bon temps avec Bettina, une amie de sa sœur qui l'oblige à voler du rouge à lèvres, puis vit un vrai drame adolescent avec Arthur, stagiaire maniaque des Pompes Funèbres Fisher & Diaz. À leur manière, tous les personnages sont en quête de stabilité, chose qu'ils n'atteindront jamais puisque la Vie est par essence instable.
Dans la deuxième moitié de saison, les scénaristes opèrent un virage bien négocié vers une noirceur étouffante en montrant comment le destin finit toujours par nous rattraper. Nate paye le prix fort de son incapacité à profiter du bonheur qu'il avait sous les yeux. Il aura eu beau ignorer les avertissements de la Mort (refus de la voir en face dans la saison 1, en colère face à sa maladie dans la saison 2) qui ne cessait de lui rappeler qu'il fallait chérir chaque instant, il aura encore raté sa chance. Les trois morts successives dans l'épisode 11 et l'introduction hilarante du final rappellent que la mort peut frapper n'importe qui n'importe quand. La roue tourne et l'être humain perd une énergie incroyable à chercher toujours mieux que ce qu'il a déjà. La disparition de Lisa rappellera à quel point un être que l'on ne supportait plus peut nous dévorer l'âme quand il n'est plus là. La réalité des faits est souvent difficile une fois que l'on y est confronté. Toute la colère que Nate refoulait finira par exploser dans des comportements destructeurs où l'envie d'en finir se heurtera à la peur de mourir. Idem pour Frederico qui noie ses frustrations dans le sexe et l'alcool, ou encore Keith qui aura du attendre que David le quitte pour comprendre ce qu'il risquait de perdre et trouver la force de se donner (encore) une nouvelle chance.
Face à tous ces hommes en plein désarroi, les femmes apportent un souffle d'espoir. En découvrant qu'elle est enceinte, Claire évite de réitérer le parcours de sa mère et choisit sa propre voie à explorer, en dépit de la douleur que représente l'avortement. Elle rejette également les théories surannées sur l'Art de son professeur pour essayer d'être une artiste à part entière n'entrant pas dans une case. Ruth s'engage enfin dans une vraie relation et n'a plus besoin d'être au service de ses enfants pour exister par elle-même, consciente tout de même que son histoire avec George peut parfaitement prendre fin d'un moment à l'autre. Quand à Brenda, après sa déchéance dans la saison 2, elle trouve le courage et la force de s'accrocher à la vie, tout en admettant qu'être « normal » la rend nettement moins pétillante.
Si chaque saison de Six Feet Under marquait une progression dans nos rapports vis-à-vis de la mort, alors la saison 3 serait cette étape qu'on appelle le « marchandage » (suivant le déni de la saison 1 et la colère de la saison 2). Ce moment où chacun fait semblant de profiter de la vie en se complaisant dans un spleen risquant de se muer en dépression à la prochaine attaque de la Faucheuse. On ne pouvait pas trouver meilleure évocation de l'essence de la série que cette affiche représentant la famille Fisher dans une maison remplie de fleurs, chaque personnage au regard fuyant semblant déconnecté du groupe. Un nouveau seuil dans la maturité et la subtilité a été franchi. Jamais les petites névroses de nos vies n'avaient sonné aussi justes.

Pour plus d’informations :
Le site officiel de la série (US)
Le site officiel de la série (F)

 

Par Mérovingien02 - Publié dans : TV : La Lucarne Rose
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Mercredi 5 janvier 3 05 /01 /Jan 09:58


Fiche technique :
Créateur : Alan Ball. Production : Produit en association avec "The Greenblatt Janollari Studio". Producteur exécutif : Alan Ball, Robert Greenblatt, David Janollari, Alan Poul. Co-producteur exécutif : Bruce Eric Kaplan.
Avec : PETER KRAUSE (Nate Fisher), MICHAEL C. HALL (David Fisher), FRANCES CONROY (Ruth Fisher), LAUREN AMBROSE (Claire Fisher), FREDDY RODRIGUEZ (Federico Diaz), MATHEW ST. PATRICK (Keith Charles), RACHEL GRIFFITHS as Brenda Chenowith.



L'avis de mérovingien02 :
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la première saison de Six Feet Under fut loin d'être un carton plein pour la chaîne HBO. Du moins au début de la diffusion. Que le show ait un peu peiné à trouver son public passe encore (4 millions de spectateurs ont suivi les premiers épisodes et un million de plus étaient devant leur poste pour les derniers). Il est en revanche nettement plus étrange que la critique ait fait la fine bouche. Jugée trop brouillonne, sombre et prétentieuse, la série d'Alan Ball fut victime du succès de l'autre événement d'HBO, Les Sopranos, avant de voir sa popularité s'envoler au fil des semaines, finissant même par décrocher le Golden Globe de la Meilleure Série Dramatique.
C'est donc dans cette ambiance triomphale que revient la famille Fisher, avec une saison 2 mettant un point d'honneur à explorer plus en profondeur les névroses et le mal de vivre de ses personnages. Si la première année de Six Feet Under était très marquée par l'influence du script d'American Beauty sur la carrière d'Alan Ball qui continuait à scruter derrière les apparences des jolies banlieues américaines, cela passait néanmoins par d'une phase d'exposition nécessitant de caractériser chacun des héros avec un lot de clichés destinés à être atomisés. Nous avions l'adolescente rebelle, le trentenaire largué, l'homo de service, le flic black et gay comme on les fantasme, la mère coincée... Au fil des épisodes, nous creusions la surface des choses pour découvrir des personnages terrifiés par la peur de s'assumer, la peur de la solitude, la peur du regard des autres... Et tout simplement la peur de mourir. Et celle de vivre. Le superbe « season final » se concluait sur une image faussement rassurante d'une famille soudée où chacun avait vaincu ses angoisses. Mais quand on se décide enfin à vivre pleinement, cela signifie aussi accepter de prendre des coups et avoir le courage de se regarder en face. Le problème, c'est que le reflet est rarement joli.
C'est ce que découvre Ruth cette saison en décidant de refaire les fondements de sa maison mentale. Mais en essayant de s'occuper des problèmes de ses enfants (et de Nikolaï), elle refuse de se confronter à elle-même. Son bien-être individuel ne passe que par les membres de son foyer et dès qu'il n'y a plus personne, elle cesse purement d'exister. Comment avancer quand les personnes dont on s'est toujours occupé n'ont plus besoin de nous ? Sans arrêt isolée du reste du groupe, Ruth nous renvoie à notre propre solitude par toute une série de scènes aussi simples que bouleversantes, tel ce repas dans une cuisine bien trop grande ou ces photos joliment encadrées comme le bilan d'une vie révolue.
C'est un peu au même problème qu'est confrontée Brenda dans cette saison où elle n'est plus qu'un second rôle luxueux. Incarnation dans la saison 1 de la petite copine idéale (intelligente, mystérieuse, caustique et mignonne), la compagne de Nate voit désormais ses névroses exposées au grand jour. Maintenant qu'elle n'a plus le problème Billy sur les bras, celui-là même qui lui servait d'excuse pour ne pas s'occuper d'elle et qui avait permis à Nate de devenir le preux chevalier sauveur, comment va-t-elle réagir face au désert de son quotidien ? Elle décide de se lancer dans l'écriture d'un nouveau livre pour exorciser son mal-être mais est confrontée au manque d'inspiration. C'est le début de la descente aux enfers, des expériences sexuelles les plus scabreuses (fantasmes, voyeurisme, partouze), celles qui nous excitent et qui nous rappellent qu'on est bien vivant. Celles qui peuvent néanmoins finir par détruire.



Autre personnage secondaire à prendre de l'importance cette saison : Keith, le petit ami de David qui n'est plus simplement le beau back en uniforme. Celui qui reprochait autrefois à son compagnon d'être le cœur du problème de leur relation (il refusait de faire son coming-out) est contraint de reconnaître que sa colère et son agressivité découlent d'un problème prenant place dans sa famille (sa sœur est une droguée qui ne s'occupe pas de son enfant) et trouvant ses racines très lointaines dans l'enfance (leur père les battait). En emménageant avec Keith, David accepte quant à lui les difficultés de la vie en couple et s'expose aux hauts et bas journaliers. Il lutte pour Keith (renouer avec l'âme sœur, tentative pour obtenir la garde de la fille de Karla) et il lutte pour sa propre survie. Un combat perdu d'avance, puisqu'au final se trouve inévitablement la mort.
C'est un peu le constat que semble avoir fait Claire, la plus jeune de la famille Fisher, en renonçant pour de bon aux comportements autodestructeurs de Gabe. La fausse rebelle est-elle aussi rattrapée par les évènements lorsqu'elle est forcée de se projeter dans l'avenir, la fin du lycée entraînant les perspectives de la fac ? Elle est peut-être la plus jeune mais ses craintes existentielles sont les mêmes que tout le monde : Qui suis-je ? Où vais-je ?
Des questions qu'est bien contraint de se poser Nate depuis qu'il a appris l'existence d'une tumeur et que la peur de mourir demain s'est emparée de lui. D'une ficelle dramatique apparemment lourdingue, les scénaristes tirent une brillante démonstration sur la nécessité de profiter du temps qui nous reste. Si les autres membres de la famille Fisher peuvent se permettre de repousser l'échéance, Nate n'a plus ce luxe. Face à une maladie galopante, l'aîné se repositionne par rapport à son couple (il demande Brenda en mariage), par rapport à sa famille et par rapport à son travail (il rejette violemment les nouvelles attaques de Khroener). Un désir de liberté l'envahit (superbe séquence de purification dans la mer à la fin du premier épisode, rencontre avec la femme d'un motard), l'heure du bilan a sonné, on tremble en se consolant avec une petite amie du passé, on tente de bâtir rapidement un avenir avant qu'il ne soit trop tard, on enrage de ne pas pouvoir prendre son temps... Et comme dans la saison 1 où tout le monde évitait de parler de la mort du père Fisher, on essaye de masquer sa propre mortalité représentée par tous nos défauts (ne pas être parfait, c'est être humain donc mortel). Mais un moment arrive toujours où l'on finit par craquer, comme Claire durant son entretient d'admission où le fantôme du patriarche surgira sans raison apparente.
La thématique de toute la saison 2 était déjà largement suggérée par la bande-annonce qui accompagnait la diffusion sur HBO et qui présentait chacun des personnages sous deux regards. Un en noir et blanc évoquant l'image que l'on renvoie aux autres (Ruth avec un faux sourire, David engoncé dans un costume trop cintré, Claire en ado coincée), et un autre en couleur traduisant les vraies émotions refoulées (des larmes pour Ruth, de l'énergie bondissante pour Claire...). On ne pouvait pas mieux exprimer toute la sève de Six Feet Under, série universelle qui rappelle que quelque soit son sexe, son âge, sa couleur ou sa sexualité, un être humain sera toujours mû par la peur de la solitude, de la misère affective ou de passer à côté de sa vie.
Si la première saison se servait de l'image du père pour pousser chaque personnage à s'accepter tel qu'il est et à vivre sa vie, la seconde montre à quel point il est difficile de la mener pleinement, l'attachement à quelqu'un ou le décalage dans l'existence des individus faisant de chaque jour un combat. On ne peut plus nier la mort et on est en colère contre la fatalité. Jamais le sentiment d'impuissance n'avait été aussi écrasant, culminant dans un final dépressif nous laissant au bord du gouffre. Et avec nous-même.

Pour plus d’informations :
Le site officiel de la série (US)
Le site officiel de la série (F)

Par Mérovingien02 - Publié dans : TV : La Lucarne Rose
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Mardi 4 janvier 2 04 /01 /Jan 09:09


Fiche technique :
Créateur : Alan Ball. Production : Produit en association avec "The Greenblatt Janollari Studio". Producteur exécutif : Alan Ball, Robert Greenblatt, David Janollari, Alan Poul. Co-producteur exécutif : Bruce Eric Kaplan. 1ère diffusion USA : 3 juin 2001 sur HBO. 1ère diffusion France : 8 décembre 2001 sur Jimmy.
Avec : PETER KRAUSE (Nate Fisher), MICHAEL C. HALL (David Fisher), FRANCES CONROY (Ruth Fisher), LAUREN AMBROSE (Claire Fisher), FREDDY RODRIGUEZ (Federico Diaz), MATHEW ST. PATRICK (Keith Charles), RACHEL GRIFFITHS as Brenda Chenowith.



L'avis de mérovingien02 :
Peut-on rire de la mort en la plaçant au centre d'un divertissement populaire régulier diffusé sur la prestigieuse chaîne HBO ? Peut-on franchement créer une série prenant pour vedette une famille spécialisée dans les pompes funèbres ? Plus globalement, peut-on sortir des diktats télévisuels pour offrir un programme frais, intelligent et pouvant tenir la dragée haute aux plus grandes histoires du grand écran ? Oui, 100 fois oui même. Il suffit juste d'avoir un homme de talent aux commandes !
Ce génie, c'est Alan Ball, scénariste du brillant American Beauty. Ne nous leurrons pas : malgré tout le talent de réalisateur de Sam Mendés et sa direction d'acteur sans faille, ce grand film de 1999 devait aussi beaucoup à la perfection du script et à la subtilité de son auteur. Perfection que l'on retrouve dans Six Feet Under, lancé juste après le triomphe aux Golden Globe et aux Oscars en 2000. Il faut dire qu'avec sa flopée de récompenses précoces, le bonhomme devient très courtisé par les studios. C'est pourtant vers la télévision qu'il se tourne, avec la farouche volonté de se venger d'un système de production qui l'avait autrefois broyé en imposant sa série personnelle. HBO étant réputée pour ses évènements télévisuels de luxe (la chaîne câblée diffuse également les Sopranos), elle accepte de laisser faire Alan Ball pour offrir une série anticonformiste et profonde. Le sujet principal est la mort ? OK. Les héros sont croque-morts de père en fils ? Pourquoi pas. Les épisodes n'ont pas de durée calculée pour s'insérer parfaitement dans la grille de programme ? Pas grave, on aménage les diffusions. Un véritable souci d'intégrité artistique qui offre même le luxe à Six Feet Under d'être diffusée sans coupure publicitaire ! Chaque épisode devient donc un petit film en puissance, avec une équipe de réalisateurs autorisés à apporter une touche personnelle (il n'y a pas moule visuel et de vraies prises de risques esthétiques) et des auteurs capables de parler de mort ou de sexe sans tabou.
Et ça, la série d'Alan Ball en profite bien ! Chaque épisode débute par la mort amusante ou tragique d'une personne (ça va du nouveau né à la victime d'un accident de la route ou de crime raciste), les héros sont loin des standards bien pensants, des fausses publicités pour enterrements saupoudrent le pilote, le sexe est abordé sans chichi... Les névroses américaines sont donc mises à nu avec une délicatesse inimaginable, les clichés sur la cellule familiale volant en éclat dès le premier épisode. Tout commence avec la mort accidentelle de Monsieur Fisher, responsable d'une entreprise familiale de pompes funèbres qui laisse une famille endeuillée. La mère est tiraillée entre la culpabilité de l'adultère et le désir de poursuivre sa vie, la fille est en pleine crise d'adolescence et se balade en corbillard, le fils modèle tente tant bien que mal de masquer son homosexualité... Des personnages tracassés et torturés qui ont tous fuit leur place et sont forcés de briser le silence dans lequel ils ont grandi toute leur vie.



Dans un sens, c'est un peu à la version télévisée (et donc plus complète et dense) d'American Beauty qu'Alan Ball nous convie. Claire n'est pas bien loin de Jane, Parker est un double à peine voilé d'Angela, Ruth est une version plus accessible de Barbara Fitts... Le sujet même de Six Feet Under est proche de celui d'American Beauty : un joli mode de vie américain mis à mal où les non-dits et les conventions noient tellement les protagonistes que ceux-ci cherchent une renaissance. La mort permet de donner toute sa valeur à la vie.
Alan Ball a investi énormément de lui-même dans cette série et cela se sent en permanence. Ayant vu sa sœur mourir à l'âge de 13 ans dans un accident de voiture, le scénariste entretient de toute évidence des liens profonds avec la mort et a de nombreuses questions auxquelles il aimerait donner des réponses. De même, son homosexualité longtemps refoulée permet d'injecter à David des expériences aussi personnelles que le coming-out ou les plans culs d'un soir. Résultat, chaque thème est abordé de front sans pour autant tomber dans le graveleux. La mort d'un nourrisson est présentée en plan séquence subjectif extrêmement doux, les cérémonies d'enterrements sont présentées dans toute leur nature grotesque (les fausses pubs du pilote), les désirs de chacun s'expriment par des virages brutaux dans la comédie musicale ou les imageries iconiques de films, la sexualité des cinquantenaires est présentée avec réalisme, le milieu gay est présenté dans toute sa diversité, la prise de drogue n'est pas accompagnée de couplets moralisateurs lourdingues...
Tout au long des 13 épisodes de la première saison, le spectateur peut se projeter, les thèmes universels comme l'abandon, la solitude, le désir affectif et sexuel ou le secret étant exploités intelligemment. Les personnages nous touchent parce qu'ils se cherchent, s'interrogent sur le sens de leur vie, sur ce qu'ils veulent... Il ne s'agit aucunement d'intrigues aux rebondissements obligés pour pousser le public à revenir chaque semaine et assurer l'audience mais bien d'une vision à peine scénarisée de la réalité, où les scènes les plus anodines (Ruth trouvant un vieux pot de compote pour bébé, David regardant un cadavre sur la table d'opération, Nate courant à perdre haleine) finissent par former un grand tout, bouleversant parce que proche du quotidien.
La saison 1 est d'une infinie cohérence parce qu'elle est la seule à presque se suffire à elle-même, car contenant un début et une fin. L'architecture des épisodes permet d'aller à un point A (une famille brisée) à un point B (le foyer réunit prêt à affronter les épreuves) en passant par une multitude d'équations à résoudre au plus vite. Le silence dans lequel chacun a grandi doit être brisé peu à peu pour que tous puissent sortir de l'ombre du père qui ne cesse de planer. Le paternel ne cesse de hanter les héros, comme s'il était la voix de leur conscience les tourmentant par le biais de détours dans la réalité altérée. Qu'il s'agisse de David voyant son père le regardant faire l'amour avec un homme en s'interrogeant sur celui qui fait la femme ou de Claire frustrée de ne pas avoir eu de liens plus proches avec ses parents, tous doivent apprendre à se connaître eux-mêmes pour s'accepter et se faire accepter des autres. Ruth se sent délaissée par ses enfants et veut retrouver le goût de la vie libre, Nate estime que sa vie à Philadelphie est ratée et retrouve le goût au plaisir dans les bras de Brenda, David essaye d'accepter son homosexualité et Claire est en proie à la classique crise d'adolescence en cherchant sa place parmi les camarades de lycée et se demandant ce qu'elle veut faire comme études.
Ces dilemmes intérieurs résolus, le season final pourra alors se conclure sur l'image positive d'une famille reconstituée et unie, où chacun a accepté l'autre. Le fantôme du patriarche peut alors s'en aller : il n'a plus besoin de veiller sur les autres qui sont désormais capables de prendre soin d'eux et de prendre le contrôle de leur vie. Le deuil de leurs doutes passés est terminé...
« Pourquoi faut-il mourir ? » demandera une femme à Nathaniel dans le dernier épisode de la saison. « Parce que cela rend la vie plus belle » rétorquera-t-il. Si le message paraît un rien convenu et déjà vu à ce stade de la série, il y a fort à parier qu'Alan Ball ne faisait là qu'exposer le début d'une longue réflexion à venir sur le sens de l'existence. Témoins ces portes ouvertes sur une suite (le braquage de Gabriel, la découverte de Nat sur sa santé) qui annoncent qu'après avoir accepter de vivre la vie, il faut aussi accepter l'idée de se prendre des coups et finir par mourir.

Pour plus d’informations :
Le site officiel de la série (US)
Le site officiel de la série (F)

 

Par Mérovingien02 - Publié dans : TV : La Lucarne Rose
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Lundi 3 janvier 1 03 /01 /Jan 11:29
Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Dimanche 2 janvier 7 02 /01 /Jan 12:12

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[Sur l’adoption des couples homo et notamment avec l’adoption par la rockstar anglaise Elton John, d’un petit Zacharri avec son compagnon David Furnish] « C’est un mélo dont je me passerais bien, je trouve ça épouvantable. Je vous le dit très sincèrement. Je pense qu’un enfant doit avoir un père et une mère. Je trouve ça insupportable. On est mal barré là. (…) En plus j’ai été élevé par sept familles et transbahuté toute ma vie. C’est peut-être pour ça que je suis un peu instable aussi. Qu’on décide de l’avenir d’un enfant en se disant voilà j’ai les moyens, je peux adopter un enfant… (…) Non, non, non… Quand il va aller à l’école, qu’est-ce qu’on va lui dire à ce môme, vous savez très bien tout ça. (…) Pourquoi pas les curés aussi devraient adopter des enfants maintenant, hein, marions-les avant ! Enfin bref. Écoutez, je trouve ça sordide, très sincèrement. » Hervé Vilard, homosexuel, interview sur RMC, décembre 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Samedi 1 janvier 6 01 /01 /Jan 11:21

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Daniel Conrad et les collaborateurs du site Les Toiles Roses et de l'émission Ce n'est que de l'amour vous souhaitent une bonne et heureuse année 2011 où que vous soyez dans le monde. Paix, santé et amour.
Nous vous demandons aussi d'avoir une pensée pour les nôtres qui sont, aujourd'hui encore, brimés, emprisonnés, torturés, assassinés, exécutés dans de nombreux pays à cause de leur homosexualité. Que ce soit dans ces pays, comme dans le nôtre, notre combat pour l'égalité des droits, la liberté et la fraternité est loin d'être terminé. Que 2011 nous apporte quelques progrès en ces domaines.
Une pensée aussi à tous les malades (et leurs proches) atteints par cette saloperie de virus qu'est le sida.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : URGENT : Gays, militants et résistants !
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Jeudi 30 décembre 4 30 /12 /Déc 11:19

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« J’ai fait quelques films, j’ai eu beaucoup de chances en début de carrière… et puis je n’ai plus eu le moindre boulot pendant dix ans à Hollywood et j’ai déménagé en Europe (…) Beaucoup d’acteurs hétéros cherchent activement des rôles gay parce que ça les change. Je pense que c'est bien, mais ça implique qu'un acteur gay qui n'arrivait pas à trouver d'autres rôles que des rôles gay ‒ comme moi ‒ n'a franchement plus accès qu'aux rôles de drag queen. » Rupert Everett, interview pour la BBC, décembre 2010.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : MOTS : Citations philes et phobes
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Mardi 28 décembre 2 28 /12 /Déc 17:37


 

Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

en collaboration avec  homo6  

 

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Philippe Gimet, Le Crépuscule des Bourbons,

éditions H&O, 2010, 313 p. – 16 €

 

Suivre l'existence d'un jeune aristocrate français durant le règne de Louis XVI : tel est le programme proposé par Philippe Gimet. Si l'on ajoute que ce charmant et athlétique Louis-Marie de Mondétour-Trémainville a trente ans en 1790 et qu'il aime les hommes, on comprendra l'intérêt de ces confidences biographiques !

En fin historien et humaniste, l'auteur nous fait vivre à hauteur d'homme des événements extraordinaires. Le témoignage de Louis-Marie est un excellent moyen de revivre la Révolution Française sans a priori et dans la richesse d'un homme cultivé et à l'esprit ouvert. Une enfance de courtisan lui a donné certains réflexes que ses orientations personnelles ont contribué à modifier. Ce brillant esprit a connu « les violences injustement faites à qui diverge de la norme, laquelle, éminemment variable, ne pouvait être considérée comme digne de foi » (p. 241).

Dans cette épopée, on va ainsi croiser quelques têtes d'affiche telles que Louis XVI, le marquis de Sade, Mirabeau, Desmoulins, la famille Robespierre ou Olympe de Gouges. Des figures moins illustres mais plus importantes dans l'histoire des bardaches (1) figurent aussi, tels Gustave III de Suède ou le Marquis de Vilette (2), à leur juste place.

Un séjour à la Bastille permet même d'en comparer le confort avec d'autres lieux de détention... le début d'un Petit Futé des geôles françaises de l’Ancien Régime !

Mais le grand bouleversement social n'occupe qu'une cinquantaine de pages à la fin du livre. On va d'abord se laisser mener sous divers cieux européens à cheval, en carrosse et même en aérostat (voir la photo d'Aaron Cobbett en couverture...). Suivre les détails des conflits familiaux et dynastiques n'est pas chose toujours aisée : il est cependant possible de se laisser doucement bercer par le style de Monsieur de Mondétour-Trémainville qui peut devenir subitement plus excitant lorsqu'il narre avec un vocabulaire délicieusement suranné ses aventures sensuelles. Son amour des garçons trouve refuge dans les lieux les plus variés et ses partenaires sont issus de tous les milieux, lui offrant ainsi une ouverture sur des conditions d'existence variées allant de celles du valet de ferme à celles des monarques européens ! Son attirance pour les corps noirs lui donne l'occasion de militer en faveur de l'abolition de l'esclavage et de faire preuve d'un esprit « éclairé » qui place l'humain au cœur de ses préoccupations, malgré quelques attitudes de courtisan éconduit.

Enfin un véritable roman historique avec un point de vue original qui n'est pas perturbé par les analyses des historiens des siècles suivants... mais mené par un véritable historien du quotidien.

 

(1) cf. les précédents livres de Philippe Gimet dans sa saga Mémoires d'un bardache.

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Villette

 

Pour en savoir plus :

Sur la Révolution des Sodomites : http://culture-et-debats.over-blog.com/article-11943376.html

Sur le Aaron Cobbett, auteur de la photographie de couverture : http://www.amazon.fr/Aaron-Cobbett-bilingue-fran%C3%A7ais-anglais/dp/2845471467/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=books&qid=1290000867&sr=8-2

 

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Photo © D. R.

 

Interview de Philippe Gimet

Par Gérard Coudougnan

 

« Les sources historiques explicites ne sont pas légion et on y trouve rarement la mention “untel est une grosse tapette” ! »

 

Les Toiles Roses : Bonjour Monsieur Gimet et bienvenue sur Les Toiles Roses. C'est pour notre humble site roturier un immense honneur que d'accueillir si érudit chroniqueur de tant de courtisans, aristocrates et autres séduisants gentilshommes. Pourriez-vous présenter à notre aimable lectorat votre auguste personne ?

Philippe Gimet : Mon « auguste personne » est aussi roturière que vous et je sens une pointe d'obséquiosité narquoise dans ce débordement d'adjectifs ! S'il n'y avait par ailleurs que des aristocrates dans ma saga, on s'y ennuierait... ferme. Pour ce qui me concerne à titre personnel, je n'ai pas grand chose à révéler qui fasse saliver : j'exerce le métier de journaliste après une longue carrière dans l'imprimerie et l'édition, je voyage assez souvent en France et à l'étranger, je vis en couple à Paris et je me dirige irrémédiablement vers le demi-siècle. Mes « beaux restes » concernent davantage ce que j'écris que ce que je suis. Il paraît que l'organe sexuel par excellence est le cerveau : disons que je me flatte, à cet égard, d'être correctement pourvu !

 

Merci Philippe ! Quelles étaient vos intentions quand vous avez commencé à rédiger Les Mémoires d'un bardache ?

Aucune : le premier volume, Le Sceau de Kropotkine (1), n'était pas destiné à sortir du cercle amical. Rédigeant quotidiennement des articles sur des thèmes parfois ardus et pas drôles du tout, j'éprouvais le besoin de me « rafraîchir la plume » dans un atelier d'écriture orienté érotisme gaulois et poésie de corps de garde ‒ on a ses échappatoires. Le Sceau de Kropotkine est arrivé après une expérience d'écriture de roman à quatre mains ‒ bien occupées : je vous vois venir ! Cela m'a mis en confiance ; jusque là, je n'avais jamais dépassé la centaine de pages et mes expériences éditoriales se résumaient aux nouvelles. J'ai cherché un inducteur, une première phrase qui me ferait fantasmer, et j'ai trouvé celle-là : « Je venais à peine de fêter mon vingt-cinquième anniversaire lorsque parvint à Paris la nouvelle de la mort de Louis XIV. » Ensuite, j'ai pris mon temps, plus d'un an, sans songer à autre chose qu'à me faire plaisir. J'ai présenté le résultat aux membres de l'atelier, ils ont aimé. Ce sont eux, bien plus que la vanité personnelle, qui m'ont poussé à solliciter des éditeurs. H&O a été le premier, et le plus enthousiaste. C'est du professionnalisme de cette maison d'édition, de la confiance et du soutien de ses fondateurs qu'est née l'idée d'une saga historique. Depuis, les romans s'enchaînent à la fois dans la continuité et le renouvellement des intrigues et des personnages.

 

On peut donc entamer la lecture à n'importe quel tome ?

Absolument, c'est un point sur lequel j'ai beaucoup travaillé. J'ose à peine évoquer Fortune de France de Robert Merle ‒ mes récits, avec poils, muscles et dentelles, se rapprochent davantage d'Angélique marquise des Anges ! ‒ mais disons qu'à l'instar de ces monuments de la littérature, ma saga érotico-historique peut se prendre par n'importe quel... bout. Même s'il est vrai qu'un lecteur connaissant la trame depuis le début s'y sentira davantage en terrain connu, retrouvant tel personnage ou tel décor, un primo-lecteur pénétrera aisément dans l'histoire, quitte à faire ensuite des bonds dans le temps.

 

Je vous imaginais en vieux moine travailleur, recherchant ses sources dans de vieux grimoires scellés au fond de bibliothèques semblables à celle du Nom de la rose, et pourtant j'ai devant moi un quadra fort agréable à regarder... Comment écrivez-vous ?

Bientôt quinqua, hélas... Merci toutefois pour le compliment : c'est le moment de me demander quelque chose, vous l'obtiendrez ! (rires) Je n'en suis pas moins un rat de bibliothèque... virtuelle puisque l'un de mes instruments de prédilection est l'Internet, un outil qui permet de gagner environ un an sur les deux que prend en moyenne la préparation d'un ouvrage vraiment documenté. Comment je travaille ? Eh bien, en gros, je conçois une intrigue assez élastique dont le déroulement et la résolution se font sur un canevas historique aussi précis que possible. Mes personnages se placent ainsi dans leur contexte en toute liberté... et me réservent parfois des surprises ! En matière de documentation, je lis évidemment beaucoup d'autobiographies, de mémoires, mais également les journaux de l'époque, les programmes de théâtre ou d'opéra, et même les archives météorologiques. Rien, en revanche, qui ait été publié après les dates qui m'intéressent car l'objectif est de me libérer le plus possible de mon background d'homme du XXIe siècle et d'adopter la subjectivité propre à la temporalité de mes héros. C'est la partie la plus ardue : les pensées d'un aristocrate d'ancien régime, fût-il le plus "libéral" des bardaches, demeurent celles de leur temps. Idem pour les événements dont il a connaissance... ou pas. Par exemple, il fallait être singulièrement visionnaire pour anticiper, à l'ouverture des États Généraux de 1789, ce qui devait s'ensuivre : nous le savons, nous, hommes du XXIe siècle, mais nos ancêtres ne le savaient pas. Il en va de même pour un certain nombre de découvertes ou d'événements, passés sous silence dans mes récits comme dans les chroniques du temps, tout simplement parce que l'information, comme les gens, circulait lentement. Écrire un roman historique revient à adopter un rythme de pensée qui nous est totalement étranger. C'est de cela, je pense, de cette sorte de voyage immobile, que procède, entre autres, le plaisir du lecteur.

 

Avez-vous utilisé des sources historiques pour tout ce qui concerne le vécu « bardache » ou avez-vous laissé voguer votre imagination dans un contexte dont vous maîtrisiez beaucoup des autres aspects ?

Les sources historiques explicites ne sont pas légion et on y trouve rarement la mention « untel est une grosse tapette » ! Il y a certes des figures emblématiques : Monsieur, frère de Louis XIV, notamment, ou encore Jean-Jacques de Cambacérès, mais il faut apprendre à lire entre les lignes et mener un véritable travail d'investigation et de recoupements pour deviner les réelles inclinations de la plupart des bardaches supposés, en des temps où le terme même de "sexualité" n'existait pas et où le mariage était la règle pour tout le monde. Cela dit, mon travail, aussi rigoureux soit-il, n'est pas celui d'un historien et j'ai pris un immense plaisir à broder une tapisserie luxurieuse sur de simples suppositions, déductions... ou inventions ! Le contexte général, en revanche, est aussi fidèle que possible à la réalité historique.

 

Vous est-il possible de décrire en quelques phrases une évolution de ces mœurs de Louis XIV à la Révolution ?

Jusqu'à la Révolution, je ne crois pas qu'il y ait réellement d'évolution : comme aujourd'hui, les puissants font ce que bon leur semble et, comme aujourd'hui, la piétaille doit veiller à ne pas se faire prendre ! Les bardaches étaient méprisés mais leurs nombreux représentants dans la haute société, et le fait que la plupart des militaires marchent « à voile et à vapeur » selon qu'ils soient en campagne ou en ville, empêchaient une stigmatisation autre que religieuse. On retrouve trace de ce sentiment dans l'idée, répandue de nos jours, que les gens riches et/ou cultivés puissent être gay plus souvent qu'ailleurs, ce qui est un cliché. L'Ancien Régime français est un peu celui du don't ask don't tell, une caractéristique qui le différencie nettement de ses voisins européens, où les homosexuels sont persécutés, parfois mis à mort. Tout change au XIXe siècle, après les courts règnes de Napoléon 1er, qui n'en avait pas grand chose à faire, et de Louis XVIII, qui aimait les garçons. C'est l'émergence, sous Charles X, d'une morale rigoriste et bigote, toute bourgeoise, dont nous subissons encore les effets, notamment en France, où les droits des gays sont désormais en retrait par rapport à d'autres pays européens. Et je ne parle pas des maigres avancées sur les questions de société ou des droits plus généraux, en nette régression depuis quelques années, qui concernent la population tout entière...

 

Voit-on à une époque un rapprochement entre libertins et bardaches ?

Les deux termes ne sont pas synonymes : on peut être bardache et cul-béni, fût-ce à notre époque ! Libertin dans le sens de la liberté des mœurs, sans doute ‒ encore que certains libertins hétérosexuels méprisent les « pêcheurs d'étrons ». Mais pas systématiquement dans l'idée d'un refus du dogmatisme ou de l'ordre établi. En dehors des jeux sexuels et à l'instar d'autres catégories, homos des villes et homos des champs, homos bobos et homo prolos cohabitent rarement, même aujourd'hui... Les héros principaux de ma saga ne font pas exception et sont, à cet égard, représentatifs de leur époque : on punira sévèrement quiconque sort sans permission de la condition dans laquelle il est né. Que l'on croie ou non en Dieu ou au destin n'y change rien. Le système des castes n'a jamais existé en tant que tel dans notre pays - pas dans sa complexité à la mode indienne ‒ mais on peut considérer que les fameux trois états de la société d'ancien régime en sont l'équivalent. Des formes insidieuses de cette ségrégation ont traversé les siècles jusqu'aux barrières sociales actuelles, dont la plus glaçante illustration est le fameux « plafond de verre » qui empêche certaines catégories d'accéder à un statut socioprofessionnel différent de celui défini par l'establishment. Alors oui, hélas, on peut tout à fait être libertin et réac ; l'inclination sexuelle ne rejoint pas l'orientation politique.

 

Les Petites Tuileries, ce lieu où tout n'est que débauches dans un cadre de luxe, calme et volupté pour les hommes qui aiment leurs semblables sont-elles le fruit de votre imagination ou ont-elles vraiment existé ?

Je ne voudrais pas décevoir mes chers lecteurs mais il est, en effet, inutile de rechercher en bordure de forêt de Montmorency... Croyez bien que le regrette ! C'est peut-être pour cela, d'ailleurs, que je les ai créées, ces Petites Tuileries... Plus généralement, les lieux qui apparaissent dans ma saga existent ou ont existé pour le décor d'ensemble, mais sont pure invention ou recréation en ce qui concerne les espaces privés. Disons qu'ils auraient pu/dû exister.

 

Avez-vous l'intention de mener cette saga jusqu'à nos jours ?

S'il plaît à H&O, je conduirai même Les Mémoires d'un bardache jusque dans le futur ! Traverser ainsi les siècles est une volupté que j'espère partager longtemps encore avec mes lecteurs-complices.  

 

Tous nos vœux vous accompagnent ! Et merci pour cette interview. Je sais que notre rédacteur en chef vénéré, Daniel Conrad, vous sera redevable et se courbera devant vous… (rires)

 

(1) Voir la troisième recension dans http://www.lestoilesroses.net/article-30742717.html

 Site de nos amis des éditions H&O (les meilleurs !)

 

Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées : lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

Par Gérard Coudougnan - Publié dans : LA BIBLIOTHEQUE ROSE
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Dimanche 26 décembre 7 26 /12 /Déc 16:39

riende9.jpg


La bannière et la vidéo sont (c)
Syred Pictures
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Maykel himself.
Un grand merci à l'équipe de Rien de 9 !
Par Maykel - Publié dans : WEBSERIE : RIEN DE 9
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Dimanche 26 décembre 7 26 /12 /Déc 16:24

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Les vidéos sont (c) Univers-L.com
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de
Isabelle B. Price et son équipe.
Par Isabelle B. Price - Publié dans : SERIE : LOS HOMBRES DE PACO
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Samedi 25 décembre 6 25 /12 /Déc 12:39

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Les équipes du blog Les Toiles Roses et de l'émission Ce n'est que de l'amour  vous souhaitent un joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d'année...

Par Daniel C. Hall - Publié dans : LES NEWS ROSES
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Jeudi 23 décembre 4 23 /12 /Déc 18:31

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RCN Nancy 90.7 FM (Radio Caraïb Nancy)


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Émission n°3 du 21 décembre 2010

Produite et animée par Daniel Conrad 

  044.JPGPour écouter l'émission, vous pouvez cliquer sur la photo ci-dessus...


Le troisième mardi de chaque mois EN DIRECT sur les ondes et sur internet, rediffusion le dimanche suivant de 14 à 15 heures, podcastable sur le site de RCN.

En fonction des aléas du Net, des serveurs et de la pleine lune, voici une page qui vous explique comment nous écouter par tous les moyens.

 

Vous êtes homos, hétéros, parents d’enfant homo, parents homos, enseignant(e)s, militant(e)s, artistes (peintres, réalisateurs, écrivains, etc.) sur Nancy et son département. Vous voulez nous écrire pour nous complimenter, nous critiquer, nous poser des questions, participer et témoigner en studio anonymement ou non, proposer des idées de sujets, intégrer l’équipe de chroniqueurs(ses), une seule adresse :

 

Par email : amour.rcn@gmail.com 

 

Par courrier :

Radio Caraïb Nancy

Émission « Ce n’est que de l’amour »

1249 avenue Raymond Pinchard

54 000 NANCY

 

Les invités :


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* Cemil, un remarquable chanteur, qui se lance en live avec deux titres : "Martyr de mon cœur" et "Avec un grand A"... 


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* Pierre Manzo, élu Mister Cities 2011. 

 

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* Arielle Christoflau, directrice des programmes de RCN et animatrice vedette de la station. 

 

Chroniques des petits gremlins de Ce n’est que de l’amour :


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* Les confessions de Thibaut Dézé (David & Jonathan) : Heureux sont les hétérosexuels !

 

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* Donia Bentrad (Virages) : Et les filles, alors ? : Les lesbiennes, c'est-y quoi donc ?..

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* Julien Gelly (Equinoxe Nancy Lorraine) : L’Histoire de Monsieur Julien : Le statut des homosexuels dans le monde à la veille de 2011…

 

RCN à l'écoute du monde (1) :

 

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* Bruno Roy en direct du Canada (Québec).


Coups de cœur :


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* Donia Bentrad : Une série de Showcase : Lost Girl


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* Julien Gelly : Livre  Les Nuits fauves, de Cyril Collard.


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* Thibaut Dézé : Livre  Le Jour du Roi, Abdellah Taïa.

 

Programmation musicale de l’émission :


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Générique : « On ne choisit pas », Les White Niggaz (merci à Jean et Cyrille). Sortie de leur album : janvier 2011.


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« Les beaux yeux des garçons », Le beau Claude.


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« Une femme avec une femme », Saya.


Ils sont formidables, soutenez-les, achetez leur album, aidez-les…

 

Prochain rendez-vous : le mardi 18 janvier 2011,  de 17 à 18 heures en direct sur RCN pour une spéciale "Sports, homosexualité et homophobie"…

Par Daniel C. Hall - Publié dans : CE N'EST QUE DE L'AMOUR
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Mardi 21 décembre 2 21 /12 /Déc 11:27
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Ce soir, "Ce n'est que de l'amour", entre 17 et 18 heures, en direct sur RCN Nancy 90.7 FM ou en direct sur internet sur http://www.rcn-radio.org/, puis en podcast demain. Daniel Conrad, le rédacteur en chef de Les Toiles Roses, recevra Arielle Christoflau, Pierre Manzo, Cemil, Bruno Roy avec l'aide de mes petits gremlins : Donia Bentrad, Julien Gelly et Thibaut Dézé, avec aux manettes : Luca Chindamo. Soyez nombreux à nous écouter et à réagir à cette adresse : amour.rcn@gmail.com.

Les photos des invités et des chanteurs.

Par Daniel C. Hall - Publié dans : CE N'EST QUE DE L'AMOUR
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Dimanche 19 décembre 7 19 /12 /Déc 11:57

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La bannière et la vidéo sont (c)
Syred Pictures
Les vidéos présentes et futures sont diffusées avec l'autorisation de Maykel himself.
Un grand merci à l'équipe de Rien de 9 !
Par Maykel - Publié dans : WEBSERIE : RIEN DE 9
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